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0.5 par Kira Mizuno

0.5 par

INFOS
Format : roman illustré A5
Nombre de pages : 52 n&b
Prix : 5,00€
Vpc : ...
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Pitch : 1942. Pour sauver son frère, Myriam est prête à tout. Même à s'infiltrer en tant qu'infirmière sans l'hôpital où Vincez est retenu prisonnier par l'armée Allemande. Mais l'entreprise est difficile et les risques sont grands.

^{Crédits :
Auteur : =KiraMizuno
Groupe/fanzine : Darjeeling}



Featuré par
O.5 est une production quelque peu atypique dans le catalogue des Darjeelings, spécialisées ordinairement dans le fanzine Steampunk aux effluves de thé. O.5 est pour sa part un one-shot se déroulant durant la Seconde Guerre Mondiale, du point de vue de Myriam, juive allemande contrainte d'user de son métier d'infirmière pour tâcher de sauver son frère, emprisonné par l'ennemi dans un hôpital militaire. Une période et une thématique quelque peu délicate, dont l'auteur nous précise en début d'ouvrage qu'elle ne tentera pas de nous en dépeindre une vision historique et sociologique, mais bien simplement l'histoire de ces personnages qu'elle affectionne. Alors, qu'est-ce que ça donne ?

Déjà, je peux dire qu'il s'agit d'une bonne surprise. Si O.5 n'est pas exempte de défaut, parfois assez gênant, l'ensemble fut un fort bon moment de lecture !

L'écriture est à la première personne, un genre qui me révulse ordinairement : Kira a su éviter à merveille le défaut majeur de ce type de narration, en rendant Myriam détachée et neutre dans son récit, sans qu'on s'attarde sur des atermoiements sans fins et des réflexions vibrantes sur les sentiments de la narratrice. Myriam convient à son métier : elle est clinique, efficace, et pourtant chaleureuse, car l'ensemble laisse souvent percer une pointe de tendresse qui maintient un agréable équilibre. On se laisse aisément porter par l'histoire, le quotidien de Myriam et ses inquiétudes.

L'histoire est simple et l'action se déroule exclusivement dans l'enceinte de l'hôpital où travaille Myriam. En soit, ce n'est pas gênant, on suit très bien Myriam dans son quotidien. C'est d'avantage le format qui rend ce choix parfois un peu gênant : le court format donne une impression de superficialité par moment, car on manque d'un contexte plus global où placer cette parenthèse de la vie de Myriam. La tension dramatique s'en trouve appauvri, ce qui est dommage. Il aurait peut-être été plus judicieux de développer d'avantage le contexte, que certes nous connaissons tous, mais pour nous plonger d'avantage dans le climat de peur, d'angoisse et de terreur diffuse qu'évoque parfois Myriam. Ces petites évocations du IIIème Reich sont souvent intelligemment placées et efficaces, sans s'y attarder, mais hélas elles perdent quelque peu de leur force, dans un récit où ce climat de peur devrait prépondérer.

Les personnages sont peu nombreux mais bien utilisés. L'action se concentre sur Myriam, aussi il est bien pensé d'éviter de trop nous renseigner sur les autres personnages, qu'elle connait mal et qui sont surtout là pour l'aider de loin. C'est une réussite globale, hormis à mon goût pour l'un des ressors scénaristique, qui concerne la femme de l'un de ces personnages. Ce qui aurait du être une menace supplémentaire manque hélas d'un peu de corps et de cohérence, dû sans doute une nouvelle fois au format court du récit, qui ne développe pas suffisamment certains passages et ne prépare pas le lecteur en amont par quelques allusions ou remarques qui pourrait mieux le placer dans le contexte de l'histoire. On sent que l'auteur sait bien où elle va, mais c'est quelque peu abrupte pour le lecteur extérieur, qui peut peiner à se sentir concerné par ce qui se passe.

Mon reproche principal concerne au final un point du récit : la narration d'un rêve. Ce passage, même après deux lectures, est encore très obscur pour moi et je regrette son côté très ésotérique qui fait basculer un récit réaliste dans un drôle de mélange. Je n'ai toujours pas bien saisi ce que signifiait ce rêve, ni à quoi il servait, et pourquoi il était là. Cela brise quelque peu le rythme du récit et rend la compréhension de l'ensemble chaotique. Peut-être cela sera-t-il éclairci dans une suite ? A ce moment, je pourrai sans doute revoir mon jugement ! Mais comme c'est pour l'instant un one-shot, c'est l'impression que j'ai eu en lisant ce passage : étrange et chaotique.

De même, la fin se conclue quelque peu brutalement, et sans nous laisser sur notre faim, elle donne un sentiment d'un brin d'inachevé. En miroir avec le tout début du récit, certaines informations ont certes été éclaircies, mais d'autres, importante pour la compréhension, demeure encore dans l'ombre et laisse présager d'éclaircissement dans une suite prochaine, ce que j'espère vivement !

Dans l'ensemble cependant, et malgré ces quelques défauts, le récit est bien réussis et est très agréable à suivre, ses grands points forts étant son style d'écriture, simple et efficace, et son héroïne, une humble et pondérée jeune fille comme on aimerait en voir bien plus ! O.5 nous prouve largement qu'un récit pour être très intéressant sans que son héroïne soit bardée de qualité prépondérante qui plomberait la narration de l'histoire. Myriam est une bouffée d'air frais.

On regrettera donc un format sans doute trop étroit pour ses ambitions, et un choix scénaristique pour le moins obscur, et j'attends avec espoir une suite pour découvrir le reste des aventures de Myriam, qui a l'air fort bien parti pour galérer encore : et on a hâte de suivre ses pérégrinations avec elle !


De http://clover-doe.deviantart.com - Source

19févr.2013